TROMPÉS

DANS LA SERRE CHAUDE

TROISIÈME ÉDITION

Résistez les fausses solutions aux changements climatiques

Incinération Des Déchets (Déchets À Énergie)

L’incinération est la manière la plus dispendieuse et la plus polluante de gérer les déchets ou de générer de l’énergie.47 Il n’y a aucun besoin de brûler toutes sortes de déchets puisque des alternatives plus sécuritaires de non brûlage existent pour tous les matériaux, y compris les rejets comme le papier, les plastiques, le verre, les métaux, les restes de nourriture et les résidus de jardin.

« Déchets à énergie » est une expression de relations publiques utilisée pour promouvoir l’incinération,48 mais les déchets ne sont pas transformés magiquement en énergie. Pour chaque 100 tonnes de déchets brûlés, environ 70 tonnes deviennent de la pollution aérienne.49 Les autres 30 tonnes deviennent de la cendre toxique qui est typiquement déversée dans les sites d’enfouissement, la rendant plus nocive que si tous les déchets y allaient sans être brûlés. Pire encore, une partie est utilisée dans des stratagèmes dangereux de réutilisation des cendres.

Les incinérateurs sont un immense « gaspillage d’énergie », puisque le recyclage et le compostage des matériaux brûlés épargneraient de 3 à 5 fois plus d’énergie en n’ayant pas à recréer des produits de l’extraction de matières premières.50 Les stratégies de zéro déchet, telles que le recyclage et le compostage, créent de 5 à 10 fois plus d’emplois par tonne de déchets que les incinérateurs ou les sites d’enfouissement. En détournant des matériaux rejetés (et des investissements) du recyclage, de fait, les incinérateurs brûlent des emplois si nécessaires.51

Aussi sale que puisse être la combustion du charbon, l’incinération des déchets est encore pire, en dépit que l’incinérateur moyen soit bien plus neuf et ayant des contrôles additionnels de la pollution. Pour faire le même montant d’énergie que le charbon, les incinérateurs de déchets émettent 2,5 fois plus de dioxyde de carbone et de bien plus hauts niveaux de dioxines, de mercure, de plomb, de cadmium, de monoxyde de carbone, d’oxydes d’azote et d’acide hydrochlorique.52

Les incinérateurs sont également bien pires que l’enfouissement direct des mêmes matériaux en matière d’émissions de gaz à effet de serre et d’émissions de produits chimiques toxiques, d’oxydes d’azote, de matière particulaire, de gaz acides et de produits chimiques qui créent du smog, même en transportant les déchets sur de longues distances pour les amener aux sites d’enfouissement.53

Les études de santé publique ont démontré que de vivre près des incinérateurs augmente les anomalies congénitales, les naissances prématurées, les troubles reproductifs et les décès en général, surtout de différents cancers.54 La pollution toxique des incinérateurs contamine également la chaine alimentaire. Les dioxines, les produits chimiques les plus toxiques connus de la science, sont surtout émises par la combustion et peuvent voyager des milliers de kilomètres. Ils ont une longue durée de vie et sont liposolubles, ce qui les fait bioaccumuler dans la chaine alimentaire et ils peuvent causer des cancers, des anomalies congénitales, des fausses couches, de l’endométriose, du diabète, des difficultés d’apprentissage, la suppression du système immunitaire, des problèmes pulmonaies, des troubles cutanés, une baisse des niveaux de testostérones et plus encore.55 Plus de 90 % de l’exposition humaine aux dioxines vient de la consommation de viandes et de produits laitiers là où les dioxines de concentrent.56

Aux États-Unis, les incinérateurs affectent disproportionnellement les gens de couleur, surtout les résidents noirs. L’analyse effectuée par le « Energy Justice Network » constate que 78 % des incinérateurs de déchets des États-Unis se trouvent dans des communautés où la population de personnes de couleur dépasse la moyenne nationale, et que 35 % se trouvent dans des communautés où les personnes de couleur en sont la majorité.57 Les incinérateurs sont plus dispendieux à construire et à opérer que les sites d’enfouissement ou toute autre forme de génération électrique (voir Gaz d’enfouissement en énergie).58, 59 Si l’on ajoute le facteur de la dette obligatoire pour les financer, un nouvel incinérateur à grande échelle peut coûter environ 1 milliard de dollars américains. Ces coûts sont toujours payés par les fonds publics et certaines

villes ont fait face à des banqueroutes à cause des coûts des incinérateurs.60, 61 Contrairement aux sites d’enfouissement, les incinérateurs doivent être continuellement alimentés avec un certain montant de déchets pour opérer et des clauses « prendre ou payer » dans les contrats d’incinérateurs sont communes, là où les communautés doivent fournir un certain montant de déchets ou payer sans égard. Cela pénalise les gouvernements locaux qui réussissent leurs efforts de réduction des déchets tout en permettant aux incinérateurs de prendre des déchets d’ailleurs et être payés deux fois pour la même capacité.

L’incinération est une industrie mourante, surtout présente au Japon, en Corée du Sud, en Europe, au Canada et aux États-Unis. Des centaines d’incinérateurs vieillissants autour du monde ont fermé et l’industrie est seulement capable d’en bâtir de nouveaux dans les nations qui peuvent se permettre de les subventionner. La seule nation qui connaît une prolifération proposée d’installations de combustion des déchets, c’est la Chine, où des centaines de nouveaux incinérateurs de déchets et de biomasse ont été proposés durant les dernières années. L’opposition communautaire est tellement forte aux États-Unis qu’aucun incinérateur de déchets n’a été construit sur un nouveau site depuis 1995, en dépit des centaines de tentatives. Mise à part quelques rares expansions sur des sites existants, l’industrie voir son avenir surtout en Asie, en Australie et dans des parties de l’Europe.

Incapable de faire compétition économiquement aux sites d’enfouissement ou avec d’autres formes d’énergie, l’industrie de l’incinération est soutenue par une variété de subventions, y compris des contrats de déchets monopolistiques, des exemptions de pollution atmosphérique, des opérations de recyclage bidon, des politiques climatiques basées sur une fausse comptabilisation des impacts climatiques. Les mandats d’énergie renouvelable accordent aussi des subventions des factures d’électricité aux incinérateurs là où les états ont consacré l’industrie par l’étiquette « d’énergie renouvelable », réduisant ainsi la part de subventions qui devrait aller aux vraies énergies renouvelables, comme l’éolien et le solaire. L’industrie a également adopté des stratégies de survie, telles que brûler les plus dangereux types de déchets qui obtiennent les plus hauts droits d’élimination.

NOUVELLES DIRECTIONS DE L’INCINÉRATION

Les combustibles dérivés des déchets (CDD) est une vieille technologie qui a refait surface. Elle implique de retirer le verre et les métaux qui ne brûlent pas et convertir les matériaux combustibles (surtout le papier et les plastiques) en pastilles de combustibles. Ces pastilles de déchets sont soit brûlées dans un incinérateur normal (où la pollution est comparable à la combustion normale des déchets), ou sont vendues comme du carburant pour les fours de cimenterie ou aux centrales électriques qui v

énergivores, ainsi que les fours à ciment et à aggrégats, ont longtemps brûlé des « combustibles dérivés de pneus » (CDP), et les fours ont également été des dépotoirs peu dispendieux pour les déchets dangereux au cours de dernières décennies. Maintenant, les plastiques difficiles à recycler sont commercialisés pour les fours à ciment et les aciéries comme étant du « combustible dérivé du plastique » (CDP). Une échappatoire (lacune réglementaire) de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) du temps d’Obama (le règlement sur les « matériaux secondaires non dangereux ») a encouragé qu’une variété de flux de déchets soit brûlés comme étant « combustibles » dans les fournaises industrielles sans être réglementées comme incinérateurs de déchets.

Les technologies d’incinérateur expérimental, c.-à-d., la pyrolyse, la gazéification et l’arc plasma, ont été proposées pendant plusieurs années par de nouvelles compagnies qui prétendent que ces technologies ne sont pas de l’incinération. Parfois, elles prétendent même de ne pas avoir de cheminées ou d’avoir des « émissions proches de zéro ». Cependant, ces technologies sont définies et réglementées comme des incinérateurs à la fois aux États-Unis et en Europe. Essentiellement, elles divisent le processus de combustion en deux étapes. D’abord, elles utilisent la températue et la pression pour transformer les déchets en « syngaz » (gaz synthétique), ensuite elles vont typiquement brûler ce gaz dans une deuxième étape. Ces technologies se sont avérées des échecs, à la fois techniquement et économiquement.62 Elles sont plus dispendieuses que les incinérateurs habituels et n’ont pas été développées avec succès à l’échelle commerciale. De petites installations pilotes ont été construites, mais elles sont souvent en panne et ne peuvent opérer continuellement avec tout matériel qui n’est pas très homogène. De nombreuses tentatives de transformer des plastiques ou des pneus ont fait échec, même si elles sont bien plus cohérentes que d’essayer de transformer les déchets. En dépit des échecs cinglants et des problèmes de pollution atmosphérique inhérents aux incinérateurs, plusieurs compagnies continuent à courtiser les fonctionnaires locaux qui cherchent désespérément du développement économique ou des solutions « écologiques » à la gestion des déchets ; ils finissent par gaspiller du temps et des fonds publics en poursuivant ces « incinérateurs déguisés » expérimentaux n’ayant pas fait leurs preuves.

Des stratagèmes de « déchets transformés en énergie » commencent aussi à émerger après deux décennies d’essais et erreurs. Maintenant appellées « technologies de conversion des déchets » (TCD), ces technologies commencent souvent par la pyrolyse ou la gazéification. Au lieu de brûler le « syngaz » durant une deuxième étape, elles utilisent une variété de méthodes pour le convertir en combustibles liquides, tels qu’en carburant pour avion, en naptha, en diesel et en hydrogène et/ou autres produits chimiques. Les résidus solides sont souvent commercialisés comme s’ils sont désirés en matériaux de construction ou ils sont brûlés sur place. Certains processus TCD utilisent l’hydrolise acide, l’éthanol cellulosique ou autres processus de fermentation visant à créer des

biocarburants. Étant donné une sensibilisation publique croissante quant à la pollution par les plastiques, y compris la prolifération des plastiques à usage unique et les immenses tourbillons de

plastiques dans tous les océans du monde, y compris la prolifération, nous observons un ensemble croissant de propositions de « recyclage des produits chimiques » en utilisant ces processus TCD. Ces technologies sont encore expérimentales et, au final, elles impliquent le brûlage (et la pollution atmosphérique), détruisant des matériaux recyclables et compostables, augmentant la toxicité et produisant des déchets solides.63

[47]         Energy Justice Network. (2021, March 20). Incineration and incinerators-in-disguise. http://energyjustice.net/incineration/

[48]         Energy Justice Network. (2021, February 17). Incinerators are NOT “waste-to-energy” facilities. http://energyjustice.net/incineration/waste-to-energy

[49]         Energy Justice Network. (2021, March 20). Trash incinerator ash – Nearly 30 tons for every 100 tons burned. http://energyjustice.net/incineration/ash

[50]         Morris, J. (1996). Recycling versus incineration: An energy conservation analysis. Journal of Hazardous Materials, 47(1-3), 277-293. http://doi.org/10.1016/0304-3894(95)00116-6; Full copy available at https://web.archive.org/web/20170329083709if_/http://ewp.rpi.edu:80/hartford/~ernesto/S2014/SHWPCE/Papers/SW-Preprocessing-Separation-Recycling/Morris1996-Recycling-vs-Incineration-Energy.pdf

[51]         Energy Justice Network. (2021, March 20). Clean energy and zero waste produce the most jobs. http://energyjustice.net/jobs

[52]         Energy Justice Network. (2020, December 24). Trash incineration more polluting than coal. http://energyjustice.net/incineration/worsethancoal

[53]         Zero Waste Montgomery County. (2021, March). Beyond incineration: Best waste management strategies for Montgomery County, Maryland. http://energyjustice.net/md/beyond.pdf

[54]         Ewall, M. (2020, February). Trash incineration FACT CHECK: Covanta’s “energy-from-waste & health risk” flyer. http://energyjustice.net/incineration/healthstudies.pdf

[55]         Ewall, M. (2012). Dioxins and furans: The most toxic chemicals known to science. http://ejnet.org/dioxin

[56]         National Academy of Sciences. (2003). Exposure and human health reassessment of 2,3,7,8-Tetrachlorodibenzo-p-Dioxin (TCDD) and related compounds. cfpub.epa.gov/ncea/iris_drafts/dioxin/nas-review/; See Pt 1, Vol 2, Chap 4, Table 4-30 on p. 4-110  

[57]         Energy Justice Network. (2019). Operating trash incinerators. SpatialJusticeTest.org. http://spatialjusticetest.org/test/1127.html; Note that a race ratio greater than one means that a demographic group is more impacted than others at the distance indicated. If all incinerators were distributed fairly by race, all lines would follow a ratio of one. Data on each facility available via http://energyjustice.net/map/jtiny=4758

[58]         Energy Justice Network. (2019). Trash incineration is the most expensive way to manage waste. http://energyjustice.net/incineration/expensive-waste

[59]         Energy Justice Network. (2014). Trash incineration is the most expensive way to make energy. http://energyjustice.net/incineration/expensive-energy

[60]         Energy Justice Network. (2011). We predicted the nation’s largest city bankruptcy — 8 years ago. http://energyjustice.net/harrisburg-bankruptcy-predicted

[61]         Rutland Daily Herald. (1993, September 17). 200 tpd mass-burn incinerator, owned and operated by Wheelabrator. Incinerator contract forces 29 towns to file for Chapter 9 bankruptcy. http://americanhealthstudies.org/wastenot/wn244.htm

[62]         Ciplet, D. (2009, November). An industry blowing smoke: 10 reasons why gasification, pyrolysis and plasma arc are not green solutions. Global Alliance for Incinerator Alternatives. http://no-burn.org/wp-content/uploads/BlowingSmokeReport-1.pdf

[63]         Global Alliance for Incinerator Alternatives. (2020). Chemical recycling. http://no-burn.org/chemical-recycling-resources/