TROMPÉS

DANS LA SERRE CHAUDE

TROISIÈME ÉDITION

Résistez les fausses solutions aux changements climatiques

Énergie Renouvelable

L’énergie renouvelable peut faire partie de solutions réelles aux changements climatiques, mais elle comporte un bon nombre de mises en garde. Dans l’esprit de l’écoblanchiment, plusieurs choses peuvent être étiquetées comme étant de l’énergie renouvelable et qui sont, de fait, de fausses solutions. Plusieurs sources d’énergie discutées dans ce rapport sont parfois considérées de l’énergie renouvelable, mais cela peut exacerber les changements climatiques et causer beaucoup de dommages à l’environnement et aux communautés, y compris : la biomasse, les biocarburants, l’incinération, le gaz d’enfouissement en énergie, l’hydrogène, « le gaz naturel renouvelable » ou les digesteurs de méthane provenant des fermes industrielles, l’énergie nucléaire et les sociétés de centrales hydroélectriques. L’éolien et le solaire peuvent être de vraies sources d’énergie renouvelable. Cependant, les limites de la Terre, la distance, l’économie et la justice sociale ; toutes jouent des rôles pour déterminer si ces sources d’énergie sont vraiment renouvelables ou durables.

TERRE, LIMITES ET RESSOURCES

Le solaire et l’éolien sont des moyens de générer de l’électricité, et le solaire peut également fournir du chauffage. Cependant, générer de l’électricité pour les édifices, la cuisson, chauffer l’eau et le transport exigerait de générer bien de l’électricité à partir d’énergies renouvelables, ce qui est problématique et soulève des questions à propos d’où en viennent les matériaux, comment et où ils furent extraits et transportés, où ils seront installés et qui les appartient.

L’énergie éolienne et solaire peut accorder aux générations futures certaines des commodités qu’on a finit par prendre pour acquis… ...mais pour que cela se produise dans un cadre de justice, de durabilité et de protection de l’environnement, le monde surdéveloppé doit se mettre au régime sur le plan énergétique.

L’installation solaire « Solar Two » dans le désert Mojave. On compense pour quelque chose…?

…mais pour que cela se produise dans un cadre de justice, de durabilité et de protection de l’environnement, le monde surdéveloppé doit se mettre au régime sur le plan énergétique.

Il faut faire face aux limites écologiques de la Terre. Les éoliennes affectent les routes empruntées par les oiseaux et elles exigent de gros montants d’acier et de ciment ; la plupart utilisent du néodyme, un métal rare extrait dans des conditions hautement polluantes. Les panneaux solaires et les batteries utilisent des métaux rares, y compris le lithium et le cobalt, qui pourraient être extraits dans des conditions horriblement exploitantes.82, 83 Lorsque Elon Musk, le PDG de Tesla Motors, fut mis défi à savoir si le besoin de batteries pour ses autos électriques pourrait avoir eu

une influence sur le coup d’état de 2019 en Bolivie (le site d’une des plus grandes mines de lithium), il a répondu par gazouillis (tweet) : « Nous ferons des coups à quiconque nous le voulons. Faut s’y faire.84 »

Les projets autour du monde abondent pour faire une montée brusque de l’économie et résoudre les problèmes environnementaux causés par les autos à carburant en convertissant tous les véhicules à l’énergie électrique. Bien sûr, cela créerait plusieurs emplois et les batteries aideraient à stocker l’énergie produite à partir de sources renouvelables, mais construire de nouvelles autos et de nouveaux camions exige beaucoup de matériaux, ce qui soulève les questions à propos d’où viennent ces matériaux et à quels coûts sociaux et écologiques ?

En plus des préoccupations à propos du sourçage des matériaux pour les panneaux solaires, les éoliennes et les batteries, la construction pour l’énergie renouvelable exige un grand apport énergétique. Donc, de l’énergie additionnelle est nécessaire pour un gros développement de l’énergie renouvelable et cela va essentiellement venir de l’utilisation de combustibles fossiles. Éviter l’utilisation de plus de combustibles fossiles exige que les pays consommateurs réduisent leurs demandes actuelles en énergie et qu’ils utilisent moins d’énergie. Prioriser la fin de l’utilisation future des combustibles fossiles est donc d’une importance critique dans un monde qui se réchauffe (voir Bionénergie).

RÉSEAUX, ESPACE, TEMPS ET DISTANCE

Fournir de l’énergie sur demande continue à représenter l’un des plus grands défis en matière d’énergie renouvelable. Le vent et le soleil sont intermittents, alors si l’on s’en tient à la norme actuelle (à l’effet que chaque watt d’énergie désiré doit être livré instantanément à tout prix), il serait nécessaire d’augmenter le stockage d’énergie. Par ailleurs, l’infrastructure nécessaire pour mettre sur pied de l’énergie renouvelable à grande échelle est problématique. Il y a des plans pour générer de larges montants d’électricité dans les déserts de l’Afrique du Nord et dans le sud-ouest des États-Unis, pour ensuite amener l’électricité à travers la Méditérranée jusqu’en Europe ou bien aux villes américaines de l’Est. De tels projets subiraient des pertes d’efficacité le long des câbles de transmission, des injustices environnementales dans un endroit pour un bénéfice très loin de là.

ÉCONONMIE, ÉCHELLE ET CRÉDITS COMPENSATOIRES

Idéalement, de nouveaux développement solaires et éoliens devraient être planifiés et gérés par et pour des communautés. Souvent, de tels programmes sont construit à grande échelle afin de

justifier le modèle des grandes sociétés, ce qui affecte les terres, les communautés et l’écologie locales. La résistance aux parcs éoliens ou solaires à grande échelle est soulevée par les développeurs qui arrivent de l’extérieur et qui imposent des changements qui bénéficient aux entreprises de services publics et à leurs actionnaires, non pas à la communauté affectée. De la même façon, le modèle actuel selon lequel de grandes entreprises de services publics ont de gros sites de génération centralisés à partir desquels ils envoient de l’énergie aux gens sur une grande région est essentiellement paralysant puisque que les usagers dépendent des sociétés de services publics.

Par ailleurs, à partir des Crédits d’énergies renouvelables (CÉR) américains, aux compensations carbones dans l’Articles 6 de l’Accord de Paris appuyé par les Nations unis (ONU), aux crédits pour les tarifs d’électricité de Shell Oil au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Australie, partout dans le monde l’énergie renouvelable peut être vendue comme crédits compensatoire qui permettent aux grandes sociétés polluantes de prétendre qu’elles sont nette zéro ou carboneutres (voir Tarification du carbon). Les parcs éoliens à grande échelle ont déplacé des communautés à Maharashtra, en Inde, et ont vendu des crédits compensatoires aux pollueurs dans le Nord global par l’entremise du « Mécanisme de développement propre » (MDP) appuyé par l’ONU depuis des années.85

INÉGALITÉ ÉNERGÉTIQUE ET JUSTICE SOCIALE

Finalement, et d’une importance critique, une partie appréciable de la population humaine n’a présentement aucun accès à de l’électricité, à de l’eau propre et à suffisamment de nourriture. La simple justice sociale exige que l’on priorise de procurer de l’énergie renouvelable aux gens qui ont le besoin le plus fondamental de ressources en énergie.

En plus d’accepter les limites, il nous faut regarder de manière critique à chaque développement proposé et poser d’importantes questions : Est-ce que cela a été approuvé par les populations locales qui seront les plus affectées ? Est-ce que cela répond aux besoins locaux ? Qu’est-ce que ça représente d’obtenir les composantes d’ailleurs ? Combien de temps ça va durer ? Comment ses parties peuvent-elles être recyclées ou éliminées en toute sécurité ? Les aspects clés d’un avenir durable sont la relocalisation et la décolonisation. Une région qui peut fournir la plupart de sa propre nourriture et autres nécessités est plus sécuritaire

chaines d’approvisionnement. L’énergie éolienne et solaire peut accorder aux générations futures certaines des commodités modernes que nous avons pris pour acquis, mais pour que cela puisse se

produire à l’intérieur d’un cadre de justice, de durabilité et de protection de l’environnement, le monde surdéveloppé doit adopter un rationnement énergétique.